« Eden sans
toi, ou l’innocence de personne » -
Bruno Legeai > http://lesjoursdeleno.blogspot.fr/
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...De temps en temps, elle va rompre l’écoulement monotone de son existence dans un jardin public. Elle se plaît à regarder l’agencement régulier des essences familières et exotiques. Les grilles autour de ce déploiement vert l’isolent du désordre et ceignent son angoisse. Tout est si maîtrisé : l’allée de bitume, de chaque côté l’herbe rase, et les arbres postés en ligne droite.
Elle
s’assoit sur un banc, juste en face du bassin, où des enfants viennent faire
des vagues. Elle aime leur agitation fraîche, qui chasse le silence. Non
qu’elle ne parle à personne, les gens dans l’immeuble, dans la rue, et dans
l’établissement où elle se rend, aussi souvent que l’exige l’administration, l’interpellent
généralement très fort.
Mais
dans le jardin, les voix ne claquent pas. Le chuchotis des feuilles coule sur sa tête, ses
épaules ; l’élastique tendu entre ses omoplates doucement se détend. Le
chant des arbres lui rappelle, sans qu’elle s’en rende vraiment compte, les
berceuses de l’enfance.
Parfois
un homme s’assoit tout près d’elle, le banc est à l’ombre d’un cerisier. Elle observe
alors les ombres dessiner des nuages, sur sa joue et sa bouche. Un homme
s’arrête, s’assoit, puis s’en va, quand il sent son regard...
Sans traces indélébiles. Evaporations.
ReplyDeleteUn très beau texte, Murielle. Beau et si différent. Tu es éclectique.
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