Tuesday, May 25, 2010

FPDV N°05 MARLÈNE TISSOT / 2


La veine bleue qui palpite au creux du bras
La veine bleue qui palpite au creux du bras. Son cri désespéré. Sauvage besoin d’un voyage en solitaire. M’exploser la tête. Un grand trip. Planer à mille mille de mon petit cul, posé là, comme un écolier de la Vie. L’instit’ et son regard sévère. L’instit’ et ses coups de règle sur mes doigts. L’instit’ et ses leçons. Les devoirs, les horaires, les instructions, les punitions. Toutes ces obligations à la con. Mon petit cul posé là, comme un écolier qui guette par la fenêtre, prêt à s’envoler avec les oiseaux.

Je veux planer. La veine bleue qui palpite au creux du bras. Un grand trip. M’exploser la tête. Et ça devient une véritable obsession, putain ! Le besoin d’échapper à. Le besoin de m’extraire de moi.

Boire ne suffit plus. Les entraves sont toujours là. La corde refuse de céder. A peine distendue. Les perceptions diluées, une heure ou deux. Boire ne suffit plus ! Je veux courir sur la joue ronde des nuages. Oublier le goût de la poussière. M’exploser la tête. Un grand trip. Lâcher prise. Oublier cette foutue impuissance. L’accepter. Peut-être. N’être plus rien de concret. N’être plus. S’envoler dans les vents tièdes d’un Neverland doux-acide. Devenir plus légère que la poudre sur les ailes d’une fée.

L’élastique qui enlace le biceps. La veine bleue qui enfle de désir. Palpite au creux du bras. Avide. Potion magique pour grand voyage. M’exploser la tête. Putain, ça devient une véritable obsession.

Et qu’est-ce que je cherche à fuir comme ça ? Qu’est-ce qui me fait peur hein dans cette vie-là ? Je pense à ma fille. Treize ans. Superbe. Son sourire tellement puissant. Je pense à ma mère. Son visage livide, ses yeux cernés de vide. Le jour ou elle s’est envoyée de l’héro pour la première fois. J’avais treize ans.

Les images se superposent. Mal. Les idées se diluent dans le bleu de la veine qui palpite au creux du bras. Plus rien n’a d’importance. Le passé se noie dans le présent. Je m’envole pour l’éternité, comme elle sait être brève, parfois. Les crocs du serpent dans le bleu de la veine. Le cri du serpent qui se mord la queue…

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